Les huiles essentielles (HE) sont d’excellents remèdes contre les maux de bouche. On les retrouve dans des spécialités thérapeutiques. Argument marketing ou réelle efficacité ? Le point de vue des parodontologistes sur leur utilité pour les problèmes dentaires.
Délaissées pendant des siècles, leurs vertus sont redécouvertes par les botanistes et chercheurs de la première moitié du XXe siècle. Leur utilisation devient scientifique avec la mise en place de protocoles pour réaliser des tests permettant de confirmer des propriétés connues. Depuis la fin des années 1990, avec la vague du « naturel et du zen », elles ont fait leur grand retour dans notre quotidien via les diffuseurs d’arôme d’huiles essentielles pour purifier l’air ambiant, en massage, dans le bain, dans la cuisine, en inhalation pour dégager la respiration… L’action de certaines HE, comme celles du clou de girofle, du millepertuis, de la lavande, etc. sur les gingivites, les parodontopathies, les aphtes et autres lésions de la muqueuse buccale est, elle aussi, bien connue depuis la nuit des temps.
Bien les choisir ses huiles essentielles
Les huiles essentielles coûtent cher car la chaine de fabrication, depuis la cueillette de la plante jusqu’au stockage en passant par la distillation, exige une extrême rigueur. Les certifications obtenues vous protègent contre l’achat d’une HE falsifiée, inefficace ou toxique. Celles vendues en pharmacie répondent à ces normes.
Manipuler les huiles essentielles avec précautions
Ce sont des produits très actifs car ils sont très concentrés. La muqueuse buccale étant très perméable, il faut bien respecter la dose, la fréquence et la durée d’application de l’huile essentielle. L’association des huiles essentielles qui pourraient agir en synergie pour traiter une inflammation n’est pas à la portée de tout le monde, cela nécessite les connaissances d’un phytothérapeute. Certains laboratoires pharmaceutiques les remettent au gout du jour. On retrouve dans un bain de bouche du commerce, la Listérine, 3 huiles essentielles associées (thym, eucalyptus et menthe) dans des proportions précises, ce qui lui confère des vertus reconnues depuis une centaine d’années.
Questions sur l’efficacité de ces 3 huiles essentielles en bain de bouche
Ce bain de bouche à base d’huiles essentielles ne se contente-t-il pas de masquer la mauvaise haleine ?
Non, il n’a pas qu’une action désodorisante. Certes, il a une composante olfactive qui participe aux sensations de bien-être mais il a aussi une véritable action sur les micro-organismes pathogènes et favorise ainsi la régression de la gingivite et des parodontites. Plusieurs études microbiologiques comparatives avec la chlorhexidine ont montré que les deux produits ont une efficacité antiseptique à peu près équivalente sur les bactéries de la plaque dentaire.
Est-ce que les huiles essentielles risquent de déséquilibrer l’écosystème bactérien de bouche ?
Non, elles n’induisent aucun effet secondaire : elles agissent sans modifier l’écologie de la flore, ni le gout et sans risque de coloration des dents, même si elles sont utilisées sur une longue période de 6 mois. De plus, l’efficacité de ce bain de bouche dure quelques heures après son utilisation, quel que soit le dentifrice utilisé pour le brossage.
Quand conseillez-vous l’emploi d’un bain de bouche à base d’huiles essentielles ?
Pour les cas de parodontites modérées et sévères, pendant la phase active du traitement je préconise de la chlorhexidine. Mais une fois que la thérapeutique initiale est terminée, je prescris en traitement d’entretien de 6 mois un bain de bouche à base d’huiles essentielles après chaque brossage. C’est un excellent complément du brossage, efficace et très bien toléré, et les patients, plus réceptifs aux traitements à base de plantes, le suivent plus facilement. Il en résulte une meilleure participation du patient au programme d’hygiène qui favorise une bonne santé parodontale et générale !